Interview réalisée par Ludo

"Le ciel de notre enfance" est sans aucun doute un des disques que j'ai préféré en 2005. J'avais vraiment pris une grosse claque avec ce disque de Sed Non Satiata : des mélodies superbes alliées à une grosse énergie.
Merci au groupe de s'être prêté au petit jeu des questions-réponses...

Quelques mots pour vous présentez ?
Lionel: Quatre gars aux cheveux courts et quatre instruments indispensables pour faire du rock n'roll.
Arnaud (guit): on se connaît tous depuis assez longtemps, nous avons débuté le groupe à 5, et aujourd'hui nous poursuivons l'aventure à 4... certains travaillent, d'autres étudient, nous sortons un peu le week-end mais pas trop car on est vite fatigué, voilà en gros.

Vous rentrez d'une tournée en Espagne et au Portugal, comment cela s'est il passé ?
Lionel: Super bien, une très bonne expérience linguistique, de rencontres, de partage de la musique, de paysages. Un grand merci à Thibault et Pintxos pour leur accompagnement et tous les gens que l'on a croisé aux concerts ou ailleurs
Arnaud: Bon disons que la tournée était assez mortelle, d'autant que c'était la première avec sed non satiata (mis à part 4 dates en décembre 2004), donc ça représente quelque chose, un certain aboutissement. Les tournées, c'est bien ce qui alimente les conversations de pas mal de punks quand ils se croisent non? Et puis c'est tellement important quand même de s'y coller, plutôt que de rester dans sa salle de répèt ou de jouer devant les copains dans sa ville. C'est un peu un passage obligé pour un groupe d'après moi. Ca permet de tester sa capacité de communication, de juger ta musique, et de passer du temps avec ses amis tout simplement. Et ça donne envie de repartir encore et encore!
Arnaud (guit): ça faisait longtemps qu'on en parlait, maintenant on a pu faire ce premier périple et c'est clair qu'il nous tarde vraiment de pouvoir retourner, c'est tellement riche (pas toujours comme les repas) et excitant comme expérience, ça te maintient dans une espèce de tension bizarrement agréable.

Votre dernier disque est sorti sur les labels alchimia, purepainsugar et puzzle rds pour le vinyle, et, error records et aspidistra pour la version cd, pouvez vous nous parler de ces différentes collaborations ?
Lionel: Tout ce que je peux en dire c'est un grand merci à eux d'avoir un jour laissé traîner leurs oreilles sur notre musique et d'avoir osé investir pour sortir les disques.
Arnaud: C'est le genre d'histoire compliquée et ennuyeuse...en gros tout part d'une rencontre avec Séb et Hugues il y a quelques années et de celle avec Daitro en mars 2005. Leur soutien nous aide tellement, je sais même pas si ils s'en rendent compte. Pour le cd, la rencontre de Xavi de error rds s'est faite par l'intermédiaire de Johan de Mihai Edrisch (les lyonnais ne sont jamais bien loin), et Aspidistra nous ont proposé leur aide, on commence à bien les connaître après tout ce temps, et c'est vraiment un plaisir de faire des choses avec eux.

Pour vous était-il important de sortir "le ciel de notre enfance" en version Cd ainsi qu'en vinyle ? Que représente pour vous ces deux types de support ?
Lionel: On a déjà tout dit sur ces supports, le débat n'est pas fondamental, le fait est que la musique est un moyen de communication alors il faut la rendre accessible au plus grand nombre.
Arnaud (guit): oui, tout le monde n'est pas forcément adepte du vinyle, c'est vrai qu'on trouve ce support génial parce qu'il a une identité propre pour chaque pièce, mais je pense à des publics plus jeunes qui "aiment" le compact disc pour son coté pratique et propret...je suis content de pouvoir disposer des deux.
Arnaud: Pour ma part la version vinyle me comble pleinement, même si je suis très content d'avoir le cd aussi. Disons que je suis bien plus sensible au vinyle, comme beaucoup de personnes dans ce milieu, peut être pas forcément pour sa rareté mais plutôt parce que l'objet est plus beau, y'a pas tout ce bordel de boîtier plastique, et puis continuer à faire/écouter du vinyle en 2006, c'est quand même une certaine résistance, y'a une envie, un effort. Bon ça reste un truc de nerd soyons clair, mais je n'envisage pas les disques punks autrement à vrai dire.

Sur "le ciel de notre enfance" la majorité des textes sont en Français mis à part le dernier titre qui est écrit en Anglais. Est-ce que maintenant vous allez plus vous diriger dans ce type d'écriture ?
Arnaud (guit): je crois que nous continuerons à écrire nos textes en français dans la mesure on nous ressentons les choses et les exprimons directement en français, après pour ce qui est de l'interprétation de ceux-ci, les morceaux que nous composons s'orientent d'eux mêmes vers telle ou telle langue, on voit vite ce que ça donne...on choisit pas vraiment en fait, mais puisque cette question me concerne un peu plus que les autres, je te dirai que je préfère chanter en français, j'y met plus de coeur à l'ouvrage.
Lionel: Sans faire le chauvin ou le patriote, j'aime bien le français. Simplement par facilité parce que je ne sais pas m'exprimer dans une autre langue… mais après on s'arrange sur le coté musical des paroles. L'important c'est qu'elles aient un sens, enfin on s'y emploi et y'a des progrès à faire.
Arnaud: Je pense qu'on peut trouver deux raisons à ce choix du français. Comme le dis Lionel, le français c'est notre langue, il est donc évidement plus simple de s'exprimer en français, on a quand même plus de vocabulaire, plus de possibilités d'écrire finement, bien que je ne sois pas persuadé qu'on y arrive. La seconde raison est un peu une réaction au côté "obligatoire" de l'utilisation de l'anglais. Aucune fierté par rapport à la France, mais c'est juste le moyen le plus simple qu'on a pour résister à l'anglicisation ambiante. Après on traduit en anglais (et en espagnol pour le cd) pour que ce soit compréhensible par "tous"...

Pour un groupe comme le vôtre, quel rôle joue internet ? Est-ce un outil primordial pour faire avancer le groupe ?
Lionel: C'est la mode non ??? si tu passes pas par ce mode de communication on te voit moins??? Y'a du bon et du pourri, tu peux donner une certaine image, c'est un moyen de prendre contact et d'échanger, mais y'a une distance entre l'internaute et ce qu'il regarde, dont il est important de s'affranchir en poussant la porte des salles de concert.
Arnaud: C'est vrai que c'est un outil qui est devenu indispensable, enfin qui a su s'imposer en tous cas. Je pense que personne n'a envie de reprendre son téléphone et d'écrire des dizaines de lettre pour monter une tournée. Ceci dit, il serait encore possible de le faire. Donc d'un certain côté ça nous aide vraiment beaucoup. Par contre on se refuse d'utiliser myspace ou n'importe quel blog de merde, c'est uniforme, c'est laid, et ça aide à transmettre la futilité. C'est encore pire que les forums de screamo...
Arnaud (guit): (rires).

Qu'est ce qui vous motive le plus dans l'aventure sed non satiata ?
Lionel: Bouger, c'est vraiment une occasion unique pour rencontrer des gens unis par la musique et les idées qui tournent autour. C'est aussi le moyen de traduire ce que l'on ressent vis à vis de ce qui nous entoure et de le partager, plutôt que de râler dans son coin sans se donner les moyens de changer.
Arnaud: Je suis du même avis que Lionel, ce qui motive le plus c'est de partir, bien qu'on ne puisse pas assez le faire à mon goût. Je suis pas vraiment du genre rat de répétition ou de studio, je préfère nettement l'idée de partir faire des concerts et tout ce qui va avec.
C'est aussi un moyen de se prouver (bien que je n'en doute pas) que l'on peut faire les choses par soi même, tant qu'on a la passion, pas besoin de major ou de manager ou de je ne sais quoi, juste toi même, ta motivation et tes amis (et nouveaux amis) pour t'aider.
Arnaud (guit): il y a ça aussi, ça nous motive de voir tout ce qui s'est tissé autour de sed non satiata depuis nos débuts, c'est parti d'un trip musical comme tout petit groupe, puis on s'est vite rendu compte que la musique seule n'était qu'une maigre partie de cette expérience : les gens vraiment géniaux qu'on a pu rencontrer, les idées échangées, les journées ou soirées mémorables... je me dis que si le futur nous réserve d'aussi belles choses que ces deux ans passés, on a tout intérêt à rester motivé.

Quelle est la meilleur chose qui vous soit arrivé grâce au groupe ? Et la pire ?
Lionel: Ne pas se poser de questions, prendre le meilleur de cette expérience, ce qui est chiant ne doit pas être regardé à travers ce spectre. Le meilleur c'est de partager cette expérience entre nous quatre, ceux qui nous aident dans cette aventure et ceux que l'on croise.
Arnaud: Oui, partager ce truc qui nous appartient, qu'on mène comme on l'entend. Je dirai que c'est autant la pire chose que la meilleure. Notre manière d'agir, de s'exposer au travers du groupe est quelque chose de vraiment enrichissant mais aussi de très stressant par moment. La vision d'une personne n'est pas celle de quatre, donc ça m'aide parfois à savoir me remettre en question face à mes jugements, à apprendre le compromis, ce genre de chose. C'est souvent dur pour mes nerfs et mais finalement essentiel.
Arnaud (guit): la meilleure : c'est la seule de toutes mes expériences humaines et musicales qui me passionnent autant et aboutissent vraiment quelque part.
La pire chose : sans hésitation, ma mère me disant, en voyant ma tronche dans un fanzine toulousain : "oh, mais tu es une star".

Quels sont vos futurs projets et vos envies ?
Lionel: Apprendre à jouer, trouver un lieu où vivre et vivre de cette terre, avoir une femme à mes cotés !!!
Arnaud: J'espère qu'on va tourner à nouveau, que le projet de split avec Daitro verra le jour et qu'on continuera à s'amuser avec ce groupe, rien d'original quoi. Sinon j'espère profiter de ce qu'il me reste de mon année "sabbatique" pour apprendre plein de nouvelles choses et me sortir de la morosité morale qui m'anime souvent. J'ai aussi envie de voir plus souvent les amis qui comptent et qui sont loin.
Arnaud (guit): envie de plein de choses, à commencer par faire d'autres morceaux et revenir en studio, puis continuer à voir toutes les personnes qu'on aime beaucoup.
On parle aussi d'une éventuelle tournée début mai, mais bon pour l'instant ce n'est qu'au stade de projet.

Si je vous demande une petite sélection de tout ce que vous avez aimé (toute forme culturel confondue) pour cette année 2005, elle ressemblerait à quoi ?
Lionel: 2005 c'est l'année de l'ouverture musicale, chanson française, salsa, tango, électro, hip-hop…y'a de bonnes émotions dans tous les styles, je n'en doute plus maintenant.
Arnaud: Disons que 2005 ça a été le retour du hip-hop qui doit constituer plus de la moitié de la musique que j'écoute ces temps-ci que ce soit La Rumeur, A tribe called quest ou Cage. Sinon j'ai bien bloqué sur Ballast, Daitro, Cop on fire, Hyacinth, Camille, Ampere, Depeche Mode, the Mars Volta, une grosse pile d'emo 90's que j'ai récupérée cet automne...
Après au niveau culture...j'ai pas été plus de trois fois au cinéma (pas du tout mon truc), pas vu une seule expo...enfin si c'est ça la culture disons rien du tout. Mais je n'ai sûrement jamais autant lu que cette année et ça me rend bien heureux. Disons que je lis pas mal de trucs diffèrent, que ce soit des romans, de la philo, de la presse et aussi pas mal de zines (heartbeat, world at war ou blacklung m'ont vraiment fait du bien cette année).
Arnaud (guit): Dvorjak "symphonie du nouveau monde" live, ainsi que les tableaux d'une exposition de Mussorgsky orchestré par Ravel, deux oeuvres superbes, Vicente Amigo "vivencia imaginadas" que j'ai écouté tout l'été, puis dans ce qui est rock, ce concert mortel de Cult of Luna à Bordeaux, Mars volta (tout) , Daitro (laisser vivre...), le dernier Shora "Malval", la Rumeur "regain de tension" (merci arnaud, enfoiré...). Merci aussi à Ricky Banlieue (Margerin), et tous les fanzines lus et relus 10 fois...on se comprend.

Je vous laisse le mot de la fin :
Lionel: Passer des paroles aux actes, ne laissons pas pourrir les idées véhiculées par ce genre musical punk hardcore, faisons tomber les apparences, et luttons.
Arnaud: Merci beaucoup pour l'interview, et une petite question, à quand la version papier de Triste Temps? C'est quand même tellement bien les fanzines papier.
(triste temps : A vrai dire on commence a y réfléchir sérieusement. C'est au stade du projet pour le moment... à suivre donc...)
Arnaud (guit): Merci à toi, continue à faire ce que tu fais avec passion, et j'espère que tu feras parti des personnes que nous rencontrerons prochainement.

site : sed non satiata



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