Interview réalisée par Mathieu
Photos : Brume Retina

1 - Salut, on va commencer par la question traditionnelle de présentation.
Qu'est ce que vous diriez aux gens qui ne vous connaissent pas pour présenter Brume Retina ?
Vince : Groupe de punk/hardcore fait par 4 garçons pas franchement dans le vent qui font de la musique ensemble avec passion.

Jérôme : Pareil, ça me va bien ça…


2 - D'où vous est venu l'envie de faire de la musique dans un groupe ? Est-ce qu'il y a des personnes/groupes qui sont pour vous des models, des influences ?
Vince : Au jour d'aujourd'hui c'est l'échange, la création des morceaux, l'ambiance entre nous, le partage de valeur commune qui m'anime. Des modèles j'en ai quelques uns, en gros Henry Rollins, The Clash, Black flag, Bad brains, Neurosis, Melvins, Fugazi, Botch, Envy, Breach, Refused, Unsane, y en a pleins d'autres. Ce qui m'intéresse au-delà du côté artistique, c'est justement la démarche de ces individus, la manière de concevoir leur univers, l'engagement dans leur art. Je sais pas si on y arrive et c'est surtout pas à moi de le dire, je sais juste que j'essaye de tendre vers ça, sans prétention aucune.


3 - Qu'est-ce qui vous attire dans la scène indépendante ? Est-ce que vous vous sentez proche de la démarche DIY ?
Vince : On ne se revendique pas de la scène DIY, un peu plus de la scène indépendante. Le DIY finalement c'est ce que l'on fait, disons qu'il y a un côté jusqu'auboutisme dans les personnes qui prennent cette étiquette. On se dit souvent entre nous que l'on fait ce que l'on a à faire, c'est aussi simple que ça. Je crois qu'au-delà du côté musical, ce qui nous anime c'est les rencontres, les échanges, le fait de se réapproprier nos petites existences.

Jérôme : Je suis assez d'accord, je pense que les rencontres sont le plus important, les échanges de choses vécus, parfois tu joues avec des groupes que tu ne connaissais pas, ni musicalement ni humainement…Ca me plait assez ça…

4 - Quelle place prend Brume Retina dans vos vies ? C'est juste un loisir, un bon moyen pour déconner entre potes ou plus un moyen d'expression et d'engagement ?
Vince : La musique en général prend une grande place dans ma vie, et Brume aussi. Entre les répétitions, les concerts à trouver et jouer, les productions à sortir, ça occupe pas mal mon esprit et ça me prend pas mal de temps. C'est évidemment un moyen de nous exprimer et d'engagement, mais c'est aussi un partage avec mes amis et du bon temps passé ensemble. Donc on peut résumer ainsi, on le fait le plus sérieusement du monde en y mettant un paquet de nous même, mais ça reste un plaisir et faut que ça déconne sinon je ne vois pas l'intérêt.

Jérôme :Moi je pense carrément aux trois… C'est un loisir, de toutes façons je ne compte pas en vivre et ça fait longtemps que j'ai arrêté de rêver, un bon moyen de déconner entre potes car sur nous 4 y en a déjà 2 que je traîne depuis longtemps dans mon étui à guitare donc je pense que si on est encore à jouer ensemble c'est qu'on s'entend bien et qu'on s'éclate à faire ce qu'on fait. Et un moyen d'expression et d'engagement car nous écrivons tous les textes et avons toujours eut cette démarche même avec Gameness.






5 - Comment se fait-il qu'on vous voit si peu sur les routes ? (occupations professionnelles, familiales,…) ?
Vince : C'est pas que l'on veut pas, bien au contraire, c'est vrai qu'il y a déjà 2 papas dans le groupe donc faut gérer. Tom notre batteur et aussi batteur de Lab°, et c'est ça qui rempli son frigo, donc quand il tourne, on peut pas. Après cela devient dur d'organiser, manque de lieu, ça coûte de la tune, l'essence est plus chère, l'autoroute aussi mais pour les grandes distances ça reste pratique, la loc des camions, et on peut pas demander des défraiements trop élevés, on sait ce que c'est d'organiser et on refuse de planter une personne qui nous file un coup de main. Et comme d'organiser c'est souvent pour pas dire tout le temps, en être de sa poche, certains mettent la pédale douce et sélectionnent, ce que je comprends, parce qu'il faut aussi tenir compte de la fréquentation de nos concerts, enfin pas facile tout ça. Mais on va s'organiser une petite tournée avec Hiro quand le split sera sorti et plus globalement on va essayer de faire plus de concerts.


6 - Un nouveau Président dirige notre pays. Vous les sentez comment les 5 années qui arrivent ? Ca risque pas d'être un peu tendu maintenant pour faire de la musique amplifiée dans des lieux comme des squats ou même des bars ?
Vince : Pardon une élection !?!? Merde j'étais pas au courant. Hé oui la démocratie a encore frappée, du bonheur je sens un grand bonheur m'envahir, j'y crois à mort. En vrai vu comment c'est chaud pour trouver des lieux, je suis pas sûr que ça va changer grand-chose. Peut être que ça va amener à une mobilisation plus importante, peut être que tout le monde va continuer à s'en battre et consommer la musique comme n'importe quel produit. Je sais pas trop pour les lieux autogérés ce que cela va donner. C'est sûr qu'il va falloir que la jeunesse se mobilise si elle veut pas se bouffer de la merde en barre.
Le problème vient aussi que chaque style dans notre musique est compartimenté, donc on est pas assez ou trop en fonction des personnes, des débats stériles qui riment à rien, alors qu'il faudrait se soutenir pour pouvoir subsister. Bien sûr qu'il faut une éthique mais y en a un paquet qui se branlent avec et qui raconte n'importe quoi des deux côtés.
On reste en dehors de ce genre de chose en général, et on continue notre petit chemin tranquillement à notre rythme.

Jérôme : Juste pour résumer je pense qu'on va tous vomir par le nez pendant 5 ans… Maintenant je pense pas que les concerts dans les bars soient en péril, par contre les squats j'en mettrai pas ma main a couper…


7 - Avec la prédominance d'Internet et du numérique dans la musique, pensez-vous qu'il soit encore nécessaire de sortir de la musique sur des supports comme le cd, vinyl ou cassette ? Le format numérique (mp3, ogg, …) serait-il pas suffisant et bien moins coûteux pour les groupes ?
Vince : C'est une question que l'on s'est posée. Disons que je suis attaché à l'objet, tenir un skeud dans mes mains c'est pas n'importe quoi à mes yeux. C'est le boulot de mecs ou nanas qui se font chier à composer, à créer un univers, à s'exprimer, à faire une pochette, à mettre des images sur leurs ziks, c'est un ensemble de chose. Quand je choppe un skeud je l'étudie grave, que ça soit un vinyl ou un cd, même une k7. On fait attention quand on sort une production à soigner la pochette, les détails et la zik évidement. Après on vend notre album 6 euros, je pense que ça reste super raisonnable.
C'est sûr que sortir un skeud ça coûte de la tune, même si c'est de moins en moins cher. Mais bon on continue de s'endetter pour notre plus grand plaisir.
J'ai rien contre le côté virtuel, rien contre le téléchargement, chacun fait comme bon lui semble. L'important c'est que l'auditeur soi actif dans son écoute, que la démarche reste sincère. Certains commencent par télécharger ou graver et achètent le skeud ensuite.





8 - Vous allez sortir prochainement un split avec Hiro. Comment a abouti cette collaboration avec les ex-Gantz ? Est-ce que les morceaux suivront la même direction que ceux de " Linéaire des libres " ou peut-on s'attendre à du changement ?
Vince : Au début on devait le faire avec les copains des Looking for John G, puis ils ont décidé de se séparer. Nous du coup on avait envi de le sortir ce split, on avait les morceaux. On a réfléchi avec qui on pouvait le faire et il a pas fallu longtemps pour que l'on se dise que ça serait bien de le faire avec le nouveau groupe de Joss et Mike. On les a contacté, ils ont été ok, et on est tous content de le faire entre nous. Au-delà de l'appréciation musicale réciproque, c'est l'aventure humaine qui est cool. Au départ ça devait sortir juste en vinyl et juste en France, et pis Joss nous a proposé de le sortir aussi en cd et à l'étranger, et la chose cool c'est qu'il y a plein de labels qui se sont mis sur cette histoire et c'est vraiment super de leur part. A l'arrivée ça sort en France et en Europe, aux US et en Russie, donc là on est un peu sur un nuage, c'est un peu chaud à gérer et à organiser mais on est super contents de la manière dont ça se passe et surtout avec les personnes avec qui ça se passe. En ce qui nous concerne, il y a 4 morceaux à nous dessus, 2 morceaux en un, qui est un morceau presque un instru, et 2 morceaux plus courts et plus patate, surtout le dernier. C'est toujours dur de parler de sa zik, je pense que l'on évolue, c'est pas un changement radical, on essaye d'être toujours plus intense, toujours avec de la mélodie. On a remis une couche aussi dans les paroles.

Jérôme
: Ce que j'aime bien avec ces 4 nouveaux morceaux c'est vraiment la montée en intensité, je trouve même que certains morceaux ont un coté plus punk dans la musique et dans les paroles…avec Vince qui a mué à la voix, il a une voix plus crust, moi j'avoue j'aime bien…


9 - Comment situez-vous vos textes ? Prennent-ils autant de place que la musique et quels sont les sujets que vous aimez aborder ?
Vince : On fait très attention à nos textes, sans prétention. Mais c'est vrai que l'on fait gaffe à nos propos. Ça fait partie de notre univers, ça appuie notre musique, et pour ma part c'est aussi important, voir plus. Pour les sujets c'est varié, comme on est trois à écrire, on n'écrit pas forcément de la même manière. Des fois c'est plus général et parfois c'est par le prisme du vécu. Ça tourne autour de la perte des libertés individuelles, du message étatique/politique/publicitaire, de la pensée unique, de la norme physique, de la séparation d'un être cher, de l'homophobie, de l'acceptation de soi dans certains milieux, ce genre de chose. Pour le split ça reste plus frontal, y en a un sur le monde du travail, un sur les émeutes qui ont eu lieu fin 2005, et le dernier sur l'action pacifiste.

10 - Quel regard portez-vous sur la scène Parisienne ? Etes-vous actif au sein de cette scène en dehors de Brume Retina ?
Vince : Ben comme partout y a des choses bien, Revok (pub pour mon Jay mais je le pense vraiment), Use of procedure, Warhouse, Kimmo, Comity, Time to burn, The famous ntm et y en a pleins d'autres. Globalement l'ambiance est cool, après pour organiser ça devient dur et je pense que ça va pas s'arranger. Et comme partout, il manque souvent du monde pour rentrer dans ses frais, mais bon ce constat on le fait tous depuis des années. J'ai l'impression que l'on fonctionne comme dans la culture dominante, y a des groupes à valeur sure, mais la curiosité n'est plus de mise.
Est-ce que l'on est actif ? On joue dans plusieurs groupes, on organise des concerts et notre petit Oh Yeah festoch, on a une distro, un label, on se déplace sur les concerts et à titre perso j'achète encore des zines papiers quand je peux. On se fixe pas de ligne de conduite, c'est souvent selon l'envie, donc y a des périodes où on se la coule douce et des fois on se bouge un peu plus le cul.

Jérôme : Il y a une bonne scène à Paris je trouve, elle est bien mieux qu'il y a quelques années, ça se bouge un peu plus le cul aussi, par contre y a aussi des connards, des mythos qui font croire a des groupes qu'ils vont jouer sur Paris, et au moment de jouer ils vous mettent un gros vent, c'est les gars de The ghost of a smile par exemple qui ont mis des groupes dans le vent comme Pneu ou Sofy major (des potes à nous) et c'est arrivé à d'autres apparemment…
Et ils font croire qu'ils ont un label alors qu'il n'existe pas, ils nous ont bien eut avec Revok par exemple, peut être que ceci n'a rien à faire dans l'interview mais je préfère le préciser pour pas que d'autres se fassent avoir…
Bref quelques bons groupes quand même, faut pas déconner, y a les petits gars du Massacre du client de 15 heures, Altess, Schoolbusdriver, Hky, et d'autres…
Sinon on organise peut être un peu moins de truc qu'avant du fait qu'on se soit ramassé. Quand tu fais un concert et que tu es obligé d'aller retirer de l'argent pour payer les groupes, ça fait quand même mal au c…
Apres pour filer des coups de main à des potes on est toujours là…

 

 

11 - Un petit tour d'horizon de ce qui vous a branché ces derniers temps en musique, bouquin, bd, films,… ?
Vince : Je me replonge pas mal dans mes vieilleries, donc comme y a des "vieux groupes" qui ont ressorti des albums j'ai choppé direct, ça donne Neurosis, Unsane, Dinosaur jr, Melvins, No means no, The stooges, Mogwai, ha si le dernier Feist, et j'attends avec impatience le prochain Radiohead. Question livre je relis "le traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations" de Raoul Vaneigem qui reste un de mes auteurs préférés. Le dernier de Brigitte Giraud "l'amour est très surestimé", mais je lis pas assez, je me laisse pas assez de temps pour le faire. Les films, rien me vient à l'esprit, toujours des "vieilleries".

Jérôme : En film j'aime bien les Masters of horror des films d'une heure, faits par plusieurs réalisateurs sur des histoires un peu bizarres. Le dernier Neurosis m'a mis une méchante claque…


12 - Voilà l'interview se termine. Je vous remercie d'avoir joué le jeux des questions-réponses et je vous laisse le mot de la fin :
Vince : Merci à toi pour t'intéresser à notre petite histoire, les questions sont cool, j'espère que les réponses aussi. Un grand bonjours aux HIRO et leur label IMPURE MUSIK, aux labels OSK, I'VE COME FOR YOUR CHILDREN, EMERGENCE, APE MUST NOT KILL APE, DESERTION, CITE DES CHENILLES, REJUVENATION. Un grand bonjour à tous les copains, normalement ils se connaissent. N'hésitez pas à nous contacter pour quoi que ce soit, on est toujours ravi de faire des nouvelles connaissances. À titre perso les rigolos de You will never appear on tv with such a face.
Je vous lâche l'adresse du site : www.brumeretina.c.la
À bientôt j'espère, peace.

Jérôme : Merci à toi, pressé que mes petits cd sortent, celui de Brume et l'album de Revok qui doit sortir au même moment… Merci aux gens qui nous ont aidés pour la sortie du split avec Hiro…

site : brume retina


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